Comme les autres services publics, l’Éducation Nationale paie son tribut aux politiques d’austérités gouvernementales.

Le nombre de postes créés est nettement insuffisant pour absorber le nombre d’élèves et cela a deux conséquences directes :

  • La disparition des postes invisibles (remplaçants et enseignants spécialisés notamment).
  • La difficulté d’accueil des élèves dans les écoles, établissements. À la rentrée 2023 près de 900 lycéens n’ont pas eu de place en Lycée (Environ 300 en général et 600 en professionnel). On a même proposé à certains élèves de retourner en classe de 3ème !

Les postes « invisibles » qui ont disparu ont aussi des conséquences directes sur le quotidien des essonniens. En effet selon la direction académique de l’Essonne, c’est en moyenne 2% des classes des écoles du département qui se retrouvent sans enseignant par manque de remplaçants.

Comme la hiérarchie, « 2% » on pourrait considérer que c’est peu ! Mais ces 2% de classes sans remplaçant (pour 6347 classes en Essonne), cela représente concrètement un manque de 127 remplaçants ! C’est donc au moins 2500 élèves de primaire (maternelle + élémentaire) qui, au quotidien, n’ont pas accès au service public d’éducation !

Pire, les élèves sans remplaçant n’ont pas classe mais ils sont le plus souvent répartis dans les autres classes ! Ce qui fait que ce manque de personnel se répercute au quotidien là encore sur, au moins, une école sur 8 en Essonne. Pour info il y a 814 écoles dans notre département.

Et cela uniquement pour les écoles.

Pour les collèges et lycées les élèves rentrent à la maison ou bien attendent dans la cour ou en salle de permanence.

Mais le président Macron a promis qu’il y aurait un remplaçant face à chaque classe dès la rentrée de septembre 2023. Il est vrai que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ! Mais alors qu’il manque 127 remplaçants au moins pour les écoles, la direction académique de l’Essonne ne crée que 10 postes de remplaçants en plus l’an prochain. Mais cette responsabilité incombe aux ministères et aux choix budgétaires de ce président et son gouvernement.

D’autre part, la disparition des postes spécialisés c’est aussi moins d’enseignants du RASED (le Réseau d’Aides Spécialisées aux Enfants en Difficulté). Ces enseignants étant de moins en moins nombreux (c’est là aussi un choix économico-politique) ils ne sont plus en mesure d’accueillir l’ensemble des élèves ni de fournir à ceux qu’ils peuvent accompagner, toute l’aide dont ils ont besoin. La réponse de l’institution étant une modification progressive de leurs fonctions, ces enseignants (RASED) se transforment en personnel « ressource » au service des autres enseignants.

Ce sont aussi les postes UPEAA (Unité pour les Enfants Arrivants Allophones, les enfants nouvellement scolarisés en France qui ne parlent pas le français) qui sont de plus en plus rares. Alors qu’il est nécessaire pour assurer leur intégration que ces élèves soient accompagnés par ces enseignants spécialisés. Et c’est non seulement nécessaire, mais c’est aussi normalement obligatoire !

Une des grandes conséquences du désinvestissement de l’état, c’est la municipalisation de l’éducation nationale, la municipalisation des écoles par les communes et donc l’inégalité de fonctionnement d’une commune à l’autre en fonction des choix politiques locaux, des priorités municipales mais aussi souvent tout simplement des contraintes budgétaires. La mairie décide du budget de fonctionnement des écoles (fourniture, aménagement des classes, mobilier, travaux d’entretien des locaux, normes… , moyens de transports et dotations pour les visites… ), les différences entre deux écoles publiques élémentaires peuvent être énormes. Les PEdT (Projet Éducatif de Territoire) deviennent la continuité du projet pédagogique de l’école. Ces projets d’école qui depuis la Loi dite «RILHAC», sont soumis à l’approbation des conseils d’écoles où siègent les enseignants et les parents d’élèves élus mais aussi des représentants de la mairie…

À ces créations de postes et ces ouvertures de classes en nombre insuffisant s’ajoute une autre grosse difficulté : les postes même ouverts en nombre insuffisant ne sont pas pour autant tous pourvus.

Comment ce président qui promet un adulte/enseignant devant chaque élève compte-t-il assurer cette promesse sachant que pour 1285 postes à pourvoir au concours de professeur des écoles dans l’académie de Versailles il n’y a même pas eu 1285 candidats !

Et d’ailleurs moins de 800 nouveaux professeurs des écoles seront admis pour être stagiaires à la rentrée !

En 1980, en début de carrière, le salaire d’un instituteur était de 2,2 fois le SMIC. Aujourd’hui ce rapport n’est plus que de 1,2.

De plus entre inflation et blocage du point d’indice les enseignants ont perdu plus de 25% de leur pouvoir d’achat depuis l’an 2000 ! Pas de NAO pour les enseignants ! Même si le salaire ne fait pas tout, quand il faut être titulaire d’un bac +5 ans d’études validées pour tenter le concours, 1500 euros net c’est insuffisant comme salaire. On a beau promettre des vacances cela ne suffit pas ! Notamment parce que les vacances sans argent c’est très frustrant. Mais surtout parce que les vacances de la grande majorité des enseignants servent à préparer la classe !

Une maîtresse d’école, un maître d’école, le soir après sa journée de travail, il travaille encore.

Le métier étant très majoritairement féminin c’est encore une fois les femmes qui en souffrent le plus.

La liste est longue des maux qui rongent « le plus beau métier du monde ».

À la suite des hôpitaux, de nos administrations, de nos services postaux, énergétiques, infrastructures routières, … L’école est, elle aussi, en train d’être détruite probablement dans l’optique de l’augmentation d’une offre privée, et l’enrichissement de quelques-uns au détriment du plus grand nombre.

Défendons

notre service public.