Comme de nombreuses collectivités en France, le Conseil départemental de l’Essonne s’est doté d’une charte de la laïcité intitulée « charte des valeurs républicaines et de la laïcité », adoptée à l’unanimité, opposition comprise, dans sa séance du 3 février 2020.

Cette charte (qui n’a pas de valeur légale) pose de nombreux problèmes.

Le Conseil départemental déclare que cette charte « s’impose aux agents départementaux dans l’exercice de leurs missions et aux associations souhaitant bénéficier de subventions départementales ». De fait, elle remet en cause le statut des fonctionnaires territoriaux du département qui bénéficient de droits et de garanties et ne sont soumis qu’aux obligations prévues par la loi du 13 juillet 1983, seul texte susceptible de leur être opposé.

Quant aux associations qui devraient se conformer aux exigences inscrites dans cette charte pour obtenir des subventions départementales, elles ne sont légalement tenues que par les termes de la loi du 1er juillet 1901 et ceux de leurs statuts.

Enfin, cerise sur le gâteau, la charte incite à dénoncer les personnes qui enfreindraient son contenu. Les citoyens de l’Essonne sont invités à « alerter sur les phénomènes portant atteintes aux valeurs républicaines (qu’ils auraient constatés) en informant les référents associatifs valeurs républicaines et laïcité ».

C’est la délation érigée en système !

Plus laïque que moi tu meurs ? En matière de laïcité, le Conseil départemental de l’Essonne devrait s’interroger…

En violation de la loi de 1905 qui stipule : « La République ne reconnait, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte » mais en application des lois anti-laïques (et il y en a eu beaucoup depuis la loi Debré de 1959), il subventionne grassement les collèges privés confessionnels du département, essentiellement catholiques : près de 4,9 millions d’euros leur ont été versés pour leur fonctionnement en 2018.

La même année, tout aussi généreux, le département a versé une subvention de 454 523 € à l’institution religieuse « la Communauté des Diaconesses de Reuilly » qui se définit elle-même « d’inspiration monastique enracinée dans les églises de la Réforme ».

Par ailleurs, dans les engagements mutuels à respecter, la charte laïcité essonnienne indique : « Refuser toutes formes de prosélytisme religieux ». Le prosélytisme religieux, c’est pourtant ce que pratique l’école Notre-Dame de Sion à Évry en dispensant des cours obligatoires de religion ou ce que fait l’école Notre-Dame à Draveil avec son projet d’animation pastoral ayant « pour mission d’annoncer et de faire vivre l’évangile de Jésus-Christ ».

Le Conseil départemental de l’Essonne n’est hélas pas le seul à prendre des libertés avec le principe de laïcité…

Les autorités de l’Éducation nationale (en la personne du Recteur de l’académie de Versailles) ont autorisé l’implantation d’une aumônerie catholique au sein du collège et du lycée de Limours suite à une demande de quelques parents. Des prospectus de propagande ont été envoyés aux familles des collégiens via le dossier scolaire ou ont été distribués aux élèves dans l’enceinte du lycée. Le responsable de l’aumônerie dispose même d’une tribune sur le site internet du lycée pour recruter ses ouailles ! Tout cela avec la bénédiction de la DASEN (directeur académique des services de l’Éducation nationale) de l’Essonne qui n’y voit pas d’objections…

Les aumôneries catholiques ne devraient pas avoir place dans les établissements d’enseignement public (à l’exception des internats). La charte de la laïcité à l’école déclare : « La laïcité de l’école offre aux élèves les conditions pour forger leur personnalité, exercer leur libre arbitre et faire l’apprentissage de la citoyenneté. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix. »

Pour Force Ouvrière, défendre la laïcité fait partie intégrante de ses combats. Profondément attachée à la préservation de la liberté de conscience, elle s’opposera résolument à toute tentative gouvernementale de révision de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État.


Extrait de la Résolution générale du 11èmecongrès
de l’Union Départementale FO de l’Essonne
Défense de l’ecole républicaine

Attaché à l’école laïque et républicaine fondée sur la transmission des connaissances, le Congrès condamne toutes les mesures qui, dans l’Éducation Nationale, conduisent à la remise en cause de la laïcité, à la territorialisation des programmes et à l’éclatement des diplômes.

Le congrès revendique l’abrogation de la loi dite de « refondation de l’école » (loi Peillon 2013), qui fournit le cadre de toutes ces contre-réformes.

Le congrès revendique le maintien du baccalauréat comme diplôme national et premier grade universitaire, permettant aux bacheliers d’accéder à la filière universitaire de leur choix.

article extrait du journal de l’Union Départementale