LES FONCTIONNAIRES ET LA FONCTION PUBLIQUE STOP AUX CAMPAGNES DE DÉNIGREMENTS

De pis en pis, la fonction publique et les fonctionnaires sont les cibles faciles de tous les maux de la Nation : déficit public abyssal, hausse des impôts, décroissance de la qualité du service public pour en déduire de manière subliminale à « trop de fonctionnaires, trop bien payés pour des résultats catastrophiques ».
L’origine de ces dénigrements ? Les gouvernants qui distillent ces « fausses nouvelles préconçues » via leurs réseaux de communication, via les médias qui retransmettent les résultats de sondages bien ciblés (commandés par qui et pourquoi, et comment) et de soit-disant recherches journalistiques.
Et alors, suit tout un florilège de fausses bonnes idées qui en découlent pour diminuer la dette publique, les dépenses publiques et faire de l’Administration un « lapin agile » adaptable, corvéable et exploitable au détriment de la santé physique, mentale des fonctionnaires et contractuels qui travaillent pour le compte de tous les usagers français.
Rien ne vaut d’argumenter sincèrement sur chaque point de dénigrement :
Privilèges et avantages supposés des fonctionnaires
Critique : Sécurité de l’emploi, retraites avantageuses, temps de travail privilégié.
Contre-arguments :
[ Accès à la fonction publique : Contrairement au secteur privé, pour devenir fonctionnaire, il faut passer un concours et donc une sélection encadrée et impartiale. Ce mode de sélection permet à l’administration d’avoir en son sein des personnels sélectionnés sur leur compétence et leur niveau d’études, et évite tout recrutement effectué sur des critères non objectifs (recrutement à la tête du client et par cooptation).
[ Sécurité de l’emploi : Elle garantit l’indépendance des fonctionnaires vis-à-vis des pressions politiques ou économiques (ex. : un juge ou un enseignant ne peut être licencié pour ses décisions). Ceci évite les lobbying et la corruption organisée.
[ Retraites : Si le calcul est avantageux sur des emplois à fort risque (Sécurité publique et armées), il compense des carrières souvent moins rémunératrices que dans le privé. Depuis 2005, les pensions sont calculées sur l’ensemble de la carrière pour la plupart. Avant 2005, les « primes » n’étaient pas intégrées au calcul du montant de la retraite, soit 25 % en moins.
[ Temps de travail : Les 35h ne tiennent pas compte des heures supplémentaires non payées (enseignants, soignants, policiers, préfectures). Beaucoup de fonctionnaires travaillent bien au-delà (ex. : cadres de la fonction publique). Ce chiffrage est indiqué dans chaque RSU (Rapport Social Unique) de chaque ministère, entités départementales et régionales.
Efficacité et productivité contestées
Critique : Lourdeur administrative, résistance au changement, absentéisme.
Contre-arguments :
[ Lenteur administrative : Elle découle souvent de lois complexes (ex. : droit de la fiscalité, droit des Etrangers) souvent modifiées, de la démultiplications des « acteurs publics » (Agences, établissement publics…), du « mille-feuille » administratifs (Etat, collectivités locales multiples avec les régions, départements, communauté d’agglomération et communes…) et du manque de moyens humains ou de mauvaise répartition des moyens par pur choix politique en décalage avec les alertes locales relayées par les syndicats et très souvent contraire à la logique d’efficacité tant prônée par les services concernés.
[ Innovation publique : Des initiatives comme FranceConnect (dématérialisation) ou les hôpitaux numériques montrent une modernisation en cours.
[ Absentéisme : Les taux sont comparables au privé (≈5-6% selon la DARES), mais plus visibles car les remplacements sont moins fluides (ex. : enseignants non remplacés).
Coût pour les finances publiques
Critique : Masse salariale trop lourde, aggravant la dette.
Contre-arguments :
[ Effet économique positif : Les fonctionnaires sont des consommateurs stables qui soutiennent l’activité locale, surtout dans les territoires fragiles. Aucune hausse des grilles indiciaires depuis plus de 20 ans. Seules les hausses pour ancienneté s’effectuent à la marge tous les 3 ans en moyenne.
[ Comparaison internationale : La France a un taux de fonctionnaires proche de la moyenne européenne (20% vs 18% en Allemagne), mais avec plus de services publics (ex. : école gratuite, hôpitaux).
[ Investissement social : L’éducation, la santé ou la justice réduisent les inégalités, ce qui limite d’autres dépenses (aide sociale, sécurité).
4. Effectifs de la fonction publique
Critique : Les fonctionnaires sont trop nombreux.
Contre-arguments :
[ Mission de service public : Les fonctionnaires assurent des missions essentielles à la cohésion sociale (éducation, santé, sécurité, justice, etc.). Une réduction drastique des effectifs risquerait de compromettre ces services.
[ Comparaison internationale : Le nombre de fonctionnaires en France est proportionnel à la taille de la population et à l’étendue des missions confiées à l’État. Dans certains pays, des services publics sont privatisés, mais cela ne signifie pas qu’ils coûtent moins ou fonctionnent mieux.
[ Effet sur l’emploi local : Dans certaines zones rurales ou défavorisées, la fonction publique est un moteur important de l’emploi et de la vitalité économique.
5. Les dépenses publiques
Critique : La fonction publique est trop coûteuse.
Contre-arguments :
[ Investissement social : Les dépenses publiques financent l’éducation, la santé, la sécurité… qui sont des investissements dans l’avenir et non des gaspillages.
[ Moins d’inégalités : Le secteur public joue un rôle de régulateur social, permettant un accès équitable aux services, indépendamment des revenus.
[ Coût comparé au privé : Certaines tâches confiées au privé peuvent être plus coûteuses à qualité égale. Externaliser n’est pas toujours synonyme d’économies.
Inégalités territoriales
Critique : Désertification des services publics dans certaines zones.
Contre-arguments :
[ Missions de service public : Les fonctionnaires maintiennent des services vitaux (écoles, bureaux de poste) là où le privé ne va pas (peu rentable).
[ Péréquation : Les territoires riches subventionnent les plus pauvres via la fiscalité, ce qui nécessite une administration centralisée.
[ Initiatives locales : Des maires ruraux recrutent des contractuels pour combler les trous (ex. : médecins assistants).
Une étude du CEPREMAP (Centre pour la recherche économique et ses applications) (2019) montre que chaque euro dépensé dans la fonction publique génère 1,50 € de croissance à long terme.
Ces contre-arguments n’effacent pas tous les dysfonctionnements, mais rappellent que la fonction publique est un pilier du modèle social français.
Néanmoins, le résultat du dénigrement systémique des fonctionnaires amène les gouvernants successifs à justifier des mesures de destruction statutaire. Le faux amour du ministre de la Transformation publique pour les fonctionnaires est l’arbre qui cache la forêt de la bla-bla sphère politicienne réelle.
Sources utiles :
– INSEE (écarts public/privé),- Rapport Ouvrir l’État (2019) sur la modernisation,
– Travaux de Pierre Rosanvallon sur la légitimité des services publics.
CE QUI FAIT L’EXCEPTION
DES FONCTIONNAIRES ET LA FORCE DE L’ADMINISTRATION :
LEUR MISSION PRINCIPES
DE LA FONCTION PUBLIQUE EN FRANCE
- ÉGALITÉ D’ACCÈS
Tout citoyen peut accéder aux emplois publics par concours, selon ses compétences et mérites.
- NEUTRALITÉ
Les agents doivent rester neutres dans l’exercice de leurs fonctions (politique, religion, philosophie).
- LAÏCITÉ
Respect strict de la laïcité : pas de signes religieux, neutralité des agents.
- CONTINUITÉ DU SERVICE PUBLIC
Le service public doit être assuré sans interruption, même en cas de grève (limite dans certains secteurs d’activité).
- ÉGALITÉ DE TRAITEMENT DES USAGERS
Tous les usagers doivent être traités de façon impartiale, sans discrimination.
- INDÉPENDANCE
Les fonctionnaires doivent exercer leur mission a l’abri de toute pression extérieure.
- RESPONSABILITÉ
Les agents sont responsables de leurs actes (disciplinaire, civile, pénale).
- PROBITÉ ET INTÉGRITÉ
Les agents doivent faire preuve d’honnêteté, loyauté et éviter tout conflit d’intérêts.
- MÉRITE
L’évolution de carrière repose sur les compétences et la performance des agents.