Le ministre a déclaré que le jour de la rentrée il y aurait un professeur devant chaque élève, ça a sûrement été le cas… Pourtant il y a de très nombreux établissements du secondaire dans lesquelles il manque des professeurs. (Environ la moitié où il manquerait au moins un professeur).

Mais en Essonne, dans nos écoles maternelles, élémentaires et primaires (et cela dès le premier jour de la rentrée des classes) ce sont les professeurs normalement chargés des remplacements qui étaient face aux élèves. Dans certaines écoles, faute de remplaçant disponible, les élèves ont été répartis dans les classes, dès la rentrée, en attente de recrutement d’un enseignant contractuel. La DSDEN91 avait le budget pour embaucher une centaine d’enseignants contractuels de plus mais le mercredi 18 octobre soit 2 jours avant les vacances de Toussaint, les recrutements étaient toujours en cours…

Les candidats au concours doivent être titulaire d’un niveau Bac+5. Mais pour l’Essonne le nombre de candidats, cette année encore, était inférieur au nombre de places disponibles ! Le recours aux contractuels (niveau Bac+3 mini) est de plus en plus important ! Près de 400 Professeurs des Écoles (PE) devraient être face aux élèves en Essonne cette année scolaire… Ces PE contractuels étant livrés à eux-mêmes du jour au lendemain face aux élèves, avec au mieux pour une minorité d’entre eux 4 journées de formations ! Et même si, après plusieurs années face aux élèves, ils devraient assurer correctement leur travail, l’Éducation Nationale ne les titularisera jamais. Cette précarité est une variable d’ajustement bien trop commode pour l’État « employeur ».

Les Professeurs des Écoles spécialisés membres des RASED (Réseau D’Aide Spécialisé aux Enfants en Difficulté) sont eux aussi de moins en moins nombreux. De plus, leurs missions changent. Au lieu de prendre en charge les élèves en difficultés (problème d’apprentissage, de comportement, de concentration …) les PE RASED deviennent « personnels ressources » C’est-à-dire que leur mission maintenant est de conseiller les enseignants plutôt que de mettre leurs compétences directement aux services des élèves qui en ont besoin…

Ces postes des enseignants spécialisés de tous types sont maintenant occupés en grande partie par des enseignants (voire des contractuels) non formés à la spécialisation. Il en est ainsi pour les enseignants d’UPEAA (s’occupant des enfants non-francophones à leur arrivée en France), pour les enseignants d’ULIS (s’occupant des enfants présentant des troubles ou des handicaps).

Conformément aux vœux du président Macron, les instituts spécialisés d’accueil des enfants porteurs de Handicap ou de troubles importants sont progressivement fermés (type IME, IMPro, ITEP, …) au profit d’une inclusion à marche forcée dans les établissements ordinaires au milieu de classes qui en plus sont souvent surchargées. Ces Inclusions d’élèves handicapés sans les moyens indispensables à ces élèves s’assimilent rapidement à de la maltraitance institutionnelle ! Les professeurs des écoles en classe ordinaire sont formés pour enseigner à un groupe d’élèves de niveau variable. Ces élèves ont besoin d’un voire plusieurs professionnels de leur handicap au quotidien. Les AESH (Aide aux Enfants en Situation de Handicap) qui doivent accompagner ces élèves ne sont pas formés non plus. Si les AESH étaient formés et qualifiés l’éducation nationale devrait leur verser un salaire décent !

L’Éducation Nationale ment aux familles de ces élèves en prétendant que cette inclusion se fait dans l’intérêt de leur enfant alors que le seul but est de dépenser moins d’argent. Ces élèves handicapés ne bénéficient pas de tout ce dont ils ont besoin. Seuls les établissements spécialisés avec des moyens, du matériel, des personnels formés (avec détachement de PE pour la partie pédagogique) peuvent apporter à ces élèves ce dont ils ont besoin et ceux à quoi ils ont droit !

D’autre part, la présence en classe ordinaire de ces « élèves à besoins particuliers » pose aussi très souvent des problèmes aux autres élèves qui les suivent souvent dans la même classe pendant plusieurs années. Les Professeurs de écoles, les AESH souffrent de ne pouvoir dispenser à ces élèves l’enseignement ou les soins dont ils ont besoin.

L’ensemble des élèves nécessite l’attention du professeur et les AESH doivent se partager entre plusieurs élèves faute de recrutement suffisant !

Mais en plus parfois ces élèves sont violents et au quotidien les PE et les AESH subissent coups, griffures, cheveux arrachés, hurlements permanents…

En cette rentrée de septembre 2023, toutes les écoles de France ont reçu un « flyer ministériel » à distribuer aux familles.

Non, monsieur le ministre Attal,
il n’y a toujours pas suffisamment
de professeurs dans nos écoles en Essonne !

À la lecture de cette propagande ministérielle on pouvait, notamment, découvrir que les professeurs avaient été augmentés de 125 à 250 € net par mois. Mais la réalité c’est que les Professeurs des Écoles n’ont pas été augmentés !

Ce sont des primes qui ont été versées aux professeurs des écoles ayant moins de 10 ans d’ancienneté dans l’éducation nationale. Ces primes étant dégressives l’ancienneté avançant elles deviennent vite une aumône. Ce que demandent les professeurs des écoles, c’est une vraie augmentation pour tous. C’est la valeur du point d’indice qui détermine nos salaires. Nous en demandons l’augmentation de 10%. Rappelons juste que nos salaires sont quasiment gelés depuis l’an 2000. Notre pouvoir d’achat est de 25% inférieur à celui des professeurs en l’an 2000. C’est un rapport de la FGF FO mais aussi du Sénat qui le confirme.

Le salaire ne fait pas tout car nos conditions de travail d’enseignants sont dégradées en comparaison de l’an 2000. Toutefois, un salaire décent permettrait probablement de compenser la crise de recrutement de personnels. L’Essonne et le Val-d’Oise sont avec les départements de l’académie de Créteil et la Guyane les départements les plus sinistrés !

Le reste du flyer de propagande est à l’avenant de cette partie :

    • 2H de lecture écriture en CM1 et CM2 par jour ? …. Parce qu’avant nous faisions du tricot en classe au lieu de faire lire nos élèves ?

    • Des évaluations en plus en CM1 ? (Ces évaluations chronophages rognent d’autant sur les temps d’apprentissages alors que nous évaluons régulièrement nos élèves en cours d’année en fonction des apprentissages en cours)

    • Le développement de l’accueil des enfants de 2ans en maternelle ? Accueillons déjà dignement les enfants de 3 ans et plus (nombre de place dans les dortoirs, aucune flexibilité pour les gros dormeurs de l’après-midi, classes surchargées, …)

    • Non toutes les classes de GS, CP et CE1 ne sont pas à 24, tout simplement pour éviter que les classes de CE2, CM1 ou CM2 ne soient à plus de 30 et si la mairie refuse une ouverture (budget, salle nécessaire …) l’Éducation Nationale ne dit rien !  

Donnez-nous les moyens de travailler correctement, rémunérez-nous correctement et les résultats suivront …